mercredi 1 décembre 2010

REVUE DES MISSIONS DES FRANCISCAINS (8)


VEILLER SUR LA CRÉATION : UN PLAN FRANCISCAIN DE SEPT ANS

Face aux besoins croissants de sauvegarde de l’environnement, un plan de 7 ans a été présenté à l’ensemble des Ordres franciscains. Chacun d’eux devra le mettre en œuvre en fonction des diverses situations. Voici quelques éléments de ce projet.

Intensifier la conscientisation dans toute la famille franciscaine :

(…) L’exigence de veiller sur la création est inhérente à la spiritualité franciscaine ; elle est déjà perçue et rappelée par le groupe « Justice, Paix, Intégrité de la création ». Cet engagement pourrait être accru et étendu. La famille franciscaine peut aussi s’inspirer du travail déjà entrepris, par exemple, par le Projet franciscain pour l’éducation environnementale de l’Institut Margil, au Mexique.

Encourager des équipes locales pour renforcer des projets en cours :

Le traitement écologique des constructions et d’autres éléments est important. La famille peut en apprendre quelque chose et s’inspirer du succès des projets déjà en cours de réalisation, comme le Centre de Renouveau franciscain, en Arizona, et le Centre franciscain de Graz, en Autriche.

Intensifier le travail des chercheurs visant à développer une éco-spriritualité franciscaine :

La spiritualité franciscaine a beaucoup à offrir non seulement à notre famille mais aussi au reste du monde. C’est sur cette sagesse que nous pourrons construire.

Constituer une base de données des pratiques les plus efficaces de la famille franciscaine :

(…) Pensons par exemple à notre travail pastoral en Indonésie avec des fermiers locaux, la plantation d’arbres au Kenya, notre travail en Amazonie et les fermes de pisciculture en RDC. Ils ont produit de bons résultats. Il faudrait indiquer avec plus de détails les effets sur l’écosystème des mesures mises en place.

Promouvoir la collaboration avec d’autres organisations qui travaillent sur ces sujets :

La spiritualité et la forme de vie franciscaine nous demandent de veiller sur la Création. Pour le faire de la meilleure manière possible, nous voulons former des partenariats et des rapports de collaboration avec d’autres institutions pour aider à promouvoir cette cause et sélectionner la meilleure efficacité pratique dès que possible.

Contact OFM – Bulletin d’information OFM Justice, Paix et Intégrité de la Création – Rome – 2010. Chemins de Saint François, sept. oct. 2010.

Au terme de l’Année internationale de la biodiversité, décrétée par l’ONU en 2010, ce plan franciscain constitue un engagement à poursuivre les efforts pour la conservation et la protection de la Création de Dieu. Mais le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a admis récemment que la protection de la biodiversité est un fiasco collectif. Ainsi, la dixième réunion de la Convention sur la diversité biologique, qui se tenait du 18 au 29 octobre dernier à Nagoya, au Japon, a constaté un échec de la part des 193 nations signataires de la Convention de 2002. Les pays qui avaient entériné la Convention s’étaient entendus pour freiner significativement la perte d’espèces.

Cependant un rapport de l’ONU, publié ce printemps, montre que nous exterminons un nombre toujours plus grand d’espèces. Nous arrivons donc à un point de crise sans précédent. Les principales pressions qui font disparaître les espèces s’intensifient : dégradation des habitats, surexploitation des populations, pollutions et changements climatiques, introduction d’espèces envahissantes qui déstabilisent les écosystèmes. Certaines de nos grandes industries (agriculture, pêche, aquaculture, foresterie, tourisme), nourries par nos comportements quotidiens, ne sont toujours pas pratiquées de façon durable.

Comme pour les négociations liées aux changements climatiques, les débats nord-sud surgissent. Ainsi, les pays tropicaux, pauvres pour la plupart, hébergent la plus grande part de la biodiversité mondiale. Des milliers d’espèces de plantes y contiennent des agents médicamenteux que la science commence à découvrir. Eli Lilly a ainsi isolé dans la pervenche de Madagascar deux alcaloïdes utilisés en chimiothérapie. Comment partager les avantages de la découverte ? Peut-on demander à Madagascar de protéger sa biodiversité sans lui retourner certains bénéfices ? Ces questions attiseront les tensions entre pays riches et pays pauvres dans les prochaines années.

Le Canada ne montre pas l’exemple, la biodiversité de son territoire est en bien mauvaise situation. Certains écosystèmes du pays sont carrément au « seuil critique ». Si le Canada ne se donne pas les moyens de vraiment protéger son patrimoine biologique, comment espérer que des pays plus pauvres le fassent ?

Il nous faut construire de toute urgence un pacte plus intelligent avec les autres formes de vie. Nous devons continuer d’apprendre à devenir écocitoyens. La question de la biodiversité rejoint celle de la nécessaire solidarité entre les peuples et entre les générations. Gardons l’espoir que des voies d’avenir émergeront pour une relation durable entre les humains et les autres espèces. (extraits d’un texte de Dominique Berteaux, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en conservation des écosystèmes nordiques à l’Université du Québec à Rimouski, Le Devoir, 18 octobre 2010). Les Franciscains, inspirés de l’exemple de François d’Assise, ont un rôle essentiel à jouer pour réconcilier les humains avec la Création. Il y a là un défi important lancé à tous les chrétiens pour l’avenir de notre planète.

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