jeudi 18 septembre 2008

REVUE JUIN 2008


LES FRÈRES PRÉSENTEMENT EN MISSION
(article "85 ans à semer l'espoir pour bâtir un monde meilleur")



RAYMOND MAILHIOT,ofm (au milieu) AVEC LES PREMIERS FRÈRES LORS DE LA FONDATION DU PROJET MISSIONNAIRE EN HAÏTI (Voir l'article "Le P. Raymond Mailhiot, ofm, Haïti après 20 ans : la persistance du premier appel")




VUE SUR PESTEL (HAÏTI) AVEC DES JEUNES HAÏTIENS (article Raymond Mailhiot, ofm)



FAMILLE AU PÉROU (voir l'article "Le Vicariat Saint Joseph de l'Amazonie..." de l'abbé Louis Castonguay)



P. PASCAL RAYMOND (au milieu) ET SES AIDES À LA PAROISSE D'ANDRAIKIBA À MADAGASCAR (voir l'article "Madagascar: une école à bâtir !")


LA REVUE DES MISSIONS :
85 ANS À SEMER L’ESPOIR POUR BÂTIR UN MONDE MEILLEUR !

Le premier numéro de la Revue des Missions des Franciscains est paru au début de l’année 1923.

Le Père Bonaventure Péloquin , de retour de Chine en 1921, fonde la Procure des missions pour ramasser des fonds et concerter l’action missionnaire de la communauté. Nous voulons rendre hommage au Père Péloquin, un pionnier, qui a voulu faire connaître les missions franciscaines et appuyer les œuvres des missionnaires.

Les Franciscains canadiens ont fourni, de 1903 à 1977, 170 missionnaires à l’Église. Ils ont été les premiers missionnaires canadiens à pénétrer au Japon, en Corée et en Amérique latine. Partout, par la parole et le témoignage d’une vie au service des autres, ils ont insufflé l’espérance chrétienne dans le cœur des hommes (Les Franciscains au Canada, sous la direction de Jean Hamelin, éd. Septentrion, 1990).

Nous profitons donc de l’occasion pour souligner le dévouement de tous les missionnaires, religieux, prêtres et laïcs en lien avec la communauté, qui au cours des années ont consacré leur vie pour assurer une présence franciscaine et être témoin de Jésus-Christ partout dans le monde. Nous les remercions pour leur engagement, leur travail qui parfois s’est vécu (et se vit encore pour certains missionnaires) dans des conditions difficiles et pour leur constante solidarité auprès des pauvres et des plus démunis.

CEUX QUI ONT SEMÉ L’ESPOIR ailleurs dans le monde et maintenant au pays après de nombreuses années en mission (nous mentionnons les frères missionnaires franciscains toujours vivants sinon la liste serait trop longue! ) :

-Carlos Candiotti, ofm (du Pérou, au Canada)
-André Comtois, ofm (Corée et Afrique)
-Ferdinand Deshaies, ofm (Pérou)
-Roland Désilets, ofm (Pérou)
-Cyprien Dubé, ofm (Pérou)
-Louis Germain, ofm (Pérou)
-Eugène Guertin, ofm (Pérou)
-Kevin Kidd, ofm (Afrique)
-Jacques Lefebvre, ofm (Pérou)
-Cassien Marcil, ofm (Japon et Afrique)
-Sarto-M. Marcotte, ofm (Pérou)
-André Racine, ofm (Pérou)
-Georges Morin, ofm (Corée)
-Vivalde Robert, ofm (Pérou)
-Bertrand-M. Sylvain, ofm (Terre-Sainte)


CEUX QUI SÈMENT L’ESPOIR ENCORE AUJOURD’HUI (les frères en mission présentement) :

-Alain Bouchard, ofm (Madagascar)
-Jacques St-Yves, ofm (Kenya, Afrique)
-Raymond Mailhiot, ofm (Haïti)
-Pacifique Dubé, ofm (Pérou)
-Bonaventure Dureau, ofm (Pérou)
-Manuel Kato, ofm (Pérou)
-Jacques Lalonde, ofm (Pérou)
-Paul Sylvestre, ofm (Terre-Sainte)

MERCI à vous, fidèles bienfaiteurs, grâce à votre générosité les missionnaires franciscains ont pu et peuvent encore répandre l’esprit de François d’Assise un peu partout sur la planète et agir avec et pour les laissés-pour-compte.



LE P. RAYMOND MAILHIOT, OFM, HAÏTI APRÈS 20 ANS : LA PERSISTANCE DU PREMIER APPEL.

Richard Chartier, ofs

Avant son départ en avril dernier pour la mission franciscaine d’ Haïti, qu’il a fondé en décembre 1987, je me suis entretenu avec le P. Raymond Mailhiot sur son engagement missionnaire.

-Comment s’est fait sentir l’appel pour partir en mission à l’étranger ?

R.M. : Cela s’est fait graduellement. En 1956, alors que j’étais étudiant au Collège Séraphique de Trois-Rivières, j’ai vu le film « Il est minuit Dr Schweitzer », j’ai été profondément touché par l’engagement de ce médecin, prix Nobel de la paix en 1952. J’avais alors écrit dans mon journal : « Pour la première fois, le désir de devenir missionnaire s’empare de mon cœur de jeune ». J’avais 20 ans. Ensuite, les missionnaires franciscains (du Japon et du Pérou) qui venaient visiter les étudiants et qui nous entretenaient des missions, fut un autre déclencheur. J’ai fait mon noviciat et j’ai ensuite entrepris mes études de philosophie avec un haïtien. Cet ami me répétait inlassablement que le charisme franciscain devrait être implanté en Haïti…Malgré l’affinité ressentie avec le tempérament et les valeurs de la culture haïtienne, tout est demeuré latent. Par la suite, les études en vue du sacerdoce et en sciences sociales m’ont longuement accaparé. Puis ce fut la direction du Camp Notre-Dame à St-Liguori, la fondation du Buisson Ardent à Lennoxville, la pastorale jeunesse, etc. Et voilà qu’en 1984, le Provincial de l’époque, Henri Éthier, me propose de m’occuper des prédications missionnaires et de l’organisation des missions de la Province. Je n’avais jamais été en mission, alors il me fallait vivre une expérience dans le Tiers-Monde pour mieux saisir et comprendre le travail missionnaire. La communauté m’a donc permis d’effectuer deux stages de formation et d’inculturation en Haïti, le premier du 5 mai au 8 septembre 1985 et le deuxième du 5 août au 12 octobre 1987.

-C’est lors de ces stages que vous avez éprouvé un vif sentiment pour fonder une mission en Haïti ?

R.M. : J’ai vécu en effet une expérience spirituelle très forte, en conscience, je devais répondre à cet appel. Au fond de mon cœur, je pensais toujours « évangélisation Îles Cayémites ». Lorsque j’ai rencontré Mgr Romélus, évêque de Jérémie, avant de revenir au Québec, je lui ai confié que je ne pouvais partir en paix sans lui partager ce qui brûlait dans mon cœur. L’évêque m’affirme alors que, depuis longtemps, sa grande priorité était d’établir un projet d’évangélisation aux Îles Cayémites mais qu’il ne trouvait personne…Une visite aux Îles suivie. La confirmation des desseins du Seigneur s’est alors révélée dans toute sa splendeur. Cette expérience au milieu de frères et de sœurs aux prises avec la misère et la pauvreté, démunis de tout et exploités par surcroît – mais combien riches de solidarité et d’espérance – n’a fait que creuser en moi le désir de vivre avec eux.

-Et ce fut le début de cette grande aventure des franciscains en Haïti.

R.M. : Oui, mais dans la prière et le discernement qui se sont poursuivis durant deux ans. Le 20 novembre 1987 je quittais le Canada pour me rendre au Guatemala à la recherche de frères franciscains. Le projet de fondation fut accepté par la Province Nuestra Senora de Guadalupe… Le 5 décembre j’entrais définitivement en Haïti, seul, mais deux mois plus tard, exactement le 2 février 1988, le Fr. Felipe Rodigues, salvadorien, venait me rejoindre à la Paroisse St-Joseph de Pestel que Mgr Romélus nous avait confiée. J’y avais été nommé curé le 20 décembre 1987. Avec la collaboration de plusieurs autres frères latinos-américains qui se sont joints à la mission, ensemble, nous avons procédé à une véritable implantation de la vie franciscaine en Haïti. C’est ainsi qu’en vue de répondre au besoin de formation auprès des jeunes qui cheminent avec la communauté, et dans le but de travailler plus étroitement ensemble, nous avons quitté Pestel à la fin juin 2006.

-Où en est rendue la mission en Haïti aujourd’hui ?

R.M. : Nous avons actuellement 3 gardianats (résidence avec Supérieurs); 8 profès solennels; 5 profès simples; 1 novice; 3 postulants (1er et 2e année et propédeutique). Signalons qu’un projet de « Fondation » verra bientôt le jour.

Depuis août 2001, les frères se sont installés progressivement à Port-au-Prince.
-D’abord à Delmas dans une résidence louée temporairement, avec travail d’animation auprès des jeunes et l’OFS, à la ruelle chrétienne.
-Saint-Michel (Sans-Fil), service pastoral à la paroisse et administration des écoles (novembre 2001 à juin 2006)
-Chapelle Saint-Alexandre (paroisse Ste-Anne), où se font les deux années de postulat (fondation du C.E.P. en octobre 2003), au même endroit
-Livalois, maison de formation saint François d’Assise (mai 2006)
-Croix des Missions, Paroisse Exaltation de la Sainte-Croix (juillet 2006)

Face à la situation d’Haïti, le défi est énorme, j’en conviens. Mais je crois qu’Haïti représente un milieu idéal pour les franciscains : c’est un défi mesuré à notre charisme ! Depuis le début, si je n’avais pas au fond du cœur la certitude d’un appel du Seigneur, qui continue de me poursuivre, même après 20 ans, bien des fois j’aurais reculé. Malgré les difficultés, le contexte social et politique instable, la pauvreté, la misère, cet appel m’a toujours dynamisé car il y a là comme un regard de Dieu sur moi qui me transforme, me pacifie, me soutient. Alors monte de mon cœur une hymne d’action de grâce, un chant d’espérance : « Il faut que revive en nous l’enthousiasme de saint François : Voilà ce que je veux, voilà ce que je désire de tout mon cœur ». Après 20 ans, le même élan m’habite toujours : tourné vers l’avenir! avec les frères que Dieu m’a donné et pour lesquels je rends grâce.

Dans ce pays le plus pauvre des Amériques, souhaitons au P. Raymond Mailhiot de continuer encore longtemps son engagement solidaire auprès des plus démunis et de poursuivre cette œuvre avec autant d’ardeur sous l’égide du Seigneur.



MADAGASCAR : UNE ÉCOLE À BÂTIR !

Richard Chartier, ofs


Lors de mon séjour à Madagascar l’an dernier, j’ai eu le plaisir de rencontrer le Père Pascal Raymond, ofm, curé du District d’Andraikiba à Antsirabe (Madagascar), un frère dynamique et pleinement engagé dans sa paroisse. Il nous présente un projet de construction d’une école pour les élèves de 7e année. La paroisse compte 2,500 personnes constituées essentiellement de petits paysans et les écoles déjà existantes accueillent plus de 600 élèves. Or, il n’y a plus de place pour les enfants après la classe primaire. Pour bâtir cette école, la paroisse compte sur de jeunes gens de la région qui ont été formés au centre de formation artisanale (menuisiers, maçons et forgerons) du District. Les travaux qui exigent une expertise seront effectués par un entrepreneur spécialisé et membre actif de la communauté paroissiale. Les parents des élèves seront également mis à contribution pour les travaux (diverses tâches de manœuvre principalement) à la mesure de leurs compétences . L’essentiel des matériaux devra être acheté, cependant les parents d’élèves pourront fournir les pierres, le sable et l’eau nécessaire.

Le projet de nos frères franciscains malgaches pour la construction d’une école répond à un besoin urgent. En effet, l’école permettra aux jeunes de poursuivre leur éducation dans un pays où le taux d’analphabétisme est élevé. Cette école portera le nom d’École Primaire Catholique Saint-Jean-Baptiste - Masoloharano (secteur du District d’Andraikiba).

Nous reviendrons sur la réalisation de ce projet lors des prochaines revues. Le P. Pascal Raymond remercie à l’avance la générosité des donateurs.


KENYA : CONSTRUIRE UN POULAILLER POUR MIEUX SE NOURRIR.

Richard Chartier, ofs

Grâce à des articles publiés dans les revues précédentes, vous connaissez déjà le Père Jacques St-Yves, ofm, missionnaire à Langata au Kenya qui s’occupe d’une fraternité de formation (14 jeunes frères aux études et trois formateurs). Cette fraternité franciscaine ne reçoit aucun salaire de l’extérieur et dépend donc de la générosité des bienfaiteurs. Pour aider la fraternité à se nourrir, le P. St-Yves désire construire un poulailler avec 30 poules pondeuses et 50 poulets pour la viande. Il faut se procurer les matériaux pour construire le poulailler, acheter les animaux et la nourriture nécessaire à l’élevage des volailles. Le P. St-Yves dit un grand merci à tous ceux et à toutes celles qui pourraient aider la fraternité dans la réalisation de ce projet.

Il témoigne également de la reconnaissance aux bienfaiteurs qui ont répondu généreusement à son appel de solidarité (article de la revue de mars 2008) pour aider les pauvres qui se présentaient à sa porte lors de la crise qui secouait (et secoue encore) le Kenya. Le P. St-Yves a pu ainsi donner de la nourriture et un peu d’aide matériel aux plus démunis. Il poursuit toujours son travail solidaire auprès des gens dans le besoin.


UNE CRISE ALIMENTAIRE D'ORIGINE HUMAINE

Voici un texte d’analyse très intéressant de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) au sujet de la crise alimentaire qui sévit dans les pays du Sud actuellement. L’Entraide Missionnaire (Les Franciscains sont sociétaires de l’Entraide Missionnaire) est membre de l’AQOCI (vous trouverez à la fin du texte plus d’informations sur cette organisation).



Faut-il des émeutes et des morts violentes pour faire réagir le monde politique?

Pourtant, des morts il y en avait, par milliers chaque jour.
Mais en silence: dans la case africaine, dans la maison sur pilotis en Asie, dans des favelas
en Amérique du Sud. L'Association québécoise des organismes de coopération
internationale (AQOCI) souligne depuis longtemps le besoin d'agir vigoureusement pour
combattre la pauvreté dans le monde et pour promouvoir la souveraineté alimentaire.
« C'est vrai que cette crise alimentaire a des causes ponctuelles », explique Maria-Luisa
Monreal, directrice générale de l'AQOCI, « telle la hausse du prix du pétrole,
l'augmentation rapide de la production d'agro-carburants et la baisse des récoltes des
céréales des deux dernières années. Mais elle est surtout la conséquence d'une
situation critique créée par les politiques des pays développés, dont le Canada;
situation que l'AQOCI dénonce depuis des années. Il y a une contradiction flagrante
de la part des pays membres de l'ONU qui, d'une part signent des déclarations
internationales sur la sécurité alimentaire mondiale reconnaissant le droit de chaque
être humain à une nourriture saine et nutritive et le droit fondamental de chacun d'être
à l'abri de la faim et de l'autre, imposent des règles commerciales qui violent ces
mêmes droits. La crise alimentaire était donc tout à fait prévisible », renchérit Mme
Monreal. « Qu'est-ce qu'on peut attendre des populations qui devraient déjà consacrer
70% ou 80% de leur revenus pour nourrir leurs familles et qui se trouvent de nouveau
confrontées à des augmentations de 100% ou plus dans les prix de leur nourriture de
base? Peut-on s'étonner qu'il y ait des manifestations, des migrations massives, des
gestes de désespoir ? », termine Mme Monreal.

La crise actuelle, qui provoque des émeutes en Haïti, au Cameroun, en Égypte, en
Indonésie, entre autres, est une conséquence directe des politiques comme les
programmes d'ajustement structurel, imposées aux pays du Sud par les pays du Nord et
les institutions financières internationales (l'OMC, le FMI, la Banque Mondiale), dans le
cadre de la mondialisation. Ainsi, ces pays ont délaissé les cultures vivrières essentielles
à la souveraineté alimentaire au profit des monocultures d'exportation comme le café,
le cacao, le caoutchouc etc., dont le Nord a besoin. Car, a-t-on dit, avec les recettes
de leurs exportations de café etc., les gens vont pouvoir acheter toute la nourriture et
les autres biens nécessaires. On voit bien les conséquences de telles politiques sur les
peuples, en plus de la destruction de la biodiversité et les impacts écologiques
désastreux du transport à grande échelle de ces marchandises. La montée récente du
prix de pétrole vient s'ajouter à ce bilan négatif. Ce sont surtout les multinationales qui
tirent profit de ce système.

Pendant ce temps, les pays riches ont continué de subventionner les grands
producteurs agricoles. Avec en plus des moyens moins efficaces, les producteurs des
pays du Sud ont été incapables de concurrencer les produits du Nord. L'exode vers la
ville de nombreux paysans ruinés et la fragilisation de l'agriculture ont éliminé la
possibilité que celle-ci puisse réagir à la flambée actuelle des prix des aliments. À cela,
il faut ajouter l'effet des barrières douanières contre les exportations agricoles du Sud
érigées par les pays développés.


La spéculation financière, tournée vers les produits alimentaires de plus en plus en
demande, attise la flambée des prix. Le secteur financier a trouvé des milliards de
dollars pour sauver des actionnaires frappés par la crise du crédit. Peut-on espérer que
les gouvernements trouveront au moins les premiers 500 millions demandés d'urgence
par le Programme Alimentaire Mondial ? Et les sommes nécessaires par la suite afin
d'éviter la famine de millions de gens dans les pays du Sud (sans oublier que beaucoup
de personnes défavorisées, ici et dans d'autres pays riches, vont aussi souffrir des
conséquences de ces hausses de prix vertigineuses)?
«Cependant», rappelle Mme Monreal, « il ne faut pas se limiter à l'aide d'urgence; il faut
s'attaquer aux problèmes de fond». L'AQOCI demande ainsi au gouvernement
canadien et aux gouvernements des autres pays développés de favoriser la mise en
place de politiques qui donnent priorité à la production agricole pour le marché local
plutôt que pour l'exportation, qui soutiennent l'agriculture biologique et enfin, qui
protègent les marchés nationaux contre le dumping de produits agroalimentaires
pratiqué par les grandes puissances agricoles. Il faut aussi que le Canada fasse sa part
dans la lutte contre la pauvreté en augmentant son aide publique au développement
à 0,7 %, tel qu’il s’est engagé au sein de Nations Unies. Aujourd’hui à 0,3%, le Canada
affiche l’un des plus bas rendements d’aide internationale parmi les membres de
l’OCDE.

Les Journées québécoises de la solidarité internationale, qui auront lieu du 12 au 23
novembre 2008, se pencheront sur la question de la souveraineté alimentaire comme
une autre orientation mondiale de l'agriculture et de l'alimentation, centrée notamment
sur le droit des peuples à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles.

L’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI)
regroupe 62 organisations qui oeuvrent, à l’étranger et au Québec, pour un
développement durable et humain. L’AQOCI a pour mission de soutenir le travail de ses
membres ainsi que leurs initiatives en faveur de la solidarité internationale. En
s’appuyant sur la force de son réseau, l’AQOCI oeuvre à l’éradication de la pauvreté et
à la construction d’un monde basé sur des principes de justice, d’inclusion, d’égalité et
de respect des droits humains.
Site Internet : www.aqoci.qc.ca


LE VICARIAT SAINT-JOSEPH DE L’AMAZONE (SJA) – SOUS L’INFLUENCE D’APARECIDA

Par Louis Castonguay


Le passé

Dans l’histoire de l’évangélisation amazonienne du Pérou, il est important de souligner la rencontre transamazonienne des missions qui s’est tenue à Iquitos en 1971 sous les auspices du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM). Il s’agissait du point de départ d’une Église jeune qui, dans la mouvance et l’esprit de Medellín, cherchait une nouvelle fidélité à sa mission et se définissait comme Église authentique de la Jungle ou Église amazonienne. Cette assemblée d’évêques, de missionnaires, de sociologues et d’anthropologues, plus ou moins engagés dans la problématique complexe de l’homme et du monde amazonien, donna lieu pour le Vicariat Saint‑Joseph et son nouvel évêque, Mgr Laurent Guibord, o.f.m., à l’amorce d’un changement significatif en pastorale, tant du point de vue de la vision missiologique que des critères et de la politique d’actions concrètes : l’effort devait se centrer davantage sur la situation inhumaine de la grande marginalité dans laquelle se trouvait le plus grand territoire du Pérou, soit une superficie de 60 % du pays. Les grandes assemblées de l’Épiscopat latino-américain (Puebla en 1978 et Santo Domingo en 1992) devaient révéler les visages d’un sous-continent longtemps victime d’abus de toutes sortes, commis par tous les camps.

En 2007, cette fois-ci dans la ville d’Aparecida au Brésil, la Conférence générale de l’épiscopat d’Amérique latine et des Caraïbes s’est réunie de nouveau du 13 au 31 mai, avec une faible représentation du Canada et des É.-U. La grande clé pour comprendre le document final de cette rencontre, c’est son thème général : Disciples et missionnaires de Jésus-Christ pour que nos peuples, en Lui, possèdent la vie. Un document qui souffre d’un grand manque de détails, mais qui est riche d’une grande valeur dans ses orientations principales et dans son style en général. Le thème de la vie qu’offre le Christ a marqué à fond tout le texte : le mot y apparaît plus de 621 fois, ce qui est un nombre impressionnant… La méthode utilisée fut toute simple : voir et étudier la réalité, la comprendre à la lumière de « bonnes nouvelles », notamment la dignité humaine, la famille, l’activité humaine, l’usage collectif des biens , le sens communautaire du disciple ainsi que l’itinéraire de la rencontre avec le Christ, l’esprit missionnaire et la formation; finalement, il s’agit de transformer cette réalité – la mission de communiquer la vie exige une conversion pastorale et la transformation de toutes les structures de l’Eglise pour les rendre « missionnaires ».

Un Vicariat qui se cherche une nouvelle personnalité

En mars 2008, l’assemblée générale du Vicariat SJA s’est sentie fortement interpellée. Quelques 150 participants – trop nombreux et pas assez bien préparés – inspirés par le document du Brésil, se sont attardés à découvrir les grandes forces que présente notre Église vicariale, ses faiblesses également, et sans oublier les dangers qui la menacent.

a) Les points forts :
Le Vicariat ne se compose d’aucun clergé autochtone, mais compte des congrégations religieuses étrangères, surtout mexicaines, deux prêtres diocésains canadiens – Louis Castonguay et Yvan Boucher – un jeune prêtre diocésain mexicain, le Père Jacques Lalonde, franciscain québécois (San Pablo) ainsi qu’un jeune prêtre franciscain originaire de la Jungle. Il y a actuellement beaucoup de jeunes laïcs issus de divers mouvements missionnaires. En général, chacun des cent « missionnaires » (ainsi appelés) travaille sans préparation spéciale (ils se sont formés eux-mêmes). Les priorités de travail sont multiples : les jeunes, la famille, les enfants, les groupes vulnérables, la pastorale sociale. Cependant, très peu de personnes suivent les traces du Père Jean Marcier, o.f.m, décédé il y a trois ans, auprès des groupes indigènes. Et nous comptons aussi sur la présence de professionnels de la santé et de l’éducation religieuse dans les écoles.

b) Les points faibles : Environ 4 p. 100 de la population peut espérer actuellement recevoir l’Eucharistie. Heureusement, les animateurs des caseríos-communautés célèbrent la Parole de Dieu bien à leur façon. Ils sont pratiquement « les prêtres de la Jungle », dit-on. Il y a trop de missionnaires à temps plein sans une formation générale suffisante pour satisfaire les exigences d’un monde changeant. Les relations missionnaires interpersonnelles n’ont souvent pas la fluidité désirée en raison d’un manque de confiance ou de la diversité des cultures selon les lieux. On remarque l’existence d’une sorte de tourisme missionnaire – c'est-à-dire très peu de mois ou d’années de présence réelle sur le terrain –, ce qui affaiblit ou annule le suivi du travail entrepris.

Tout le Vicariat souffre de la faiblesse générale de l’économie. Le financement de notre Église locale dépend lourdement de projets étrangers. L’autosubsistance est impensable.

c) Nos possibilités : Les relations avec les institutions civiles et religieuses, la présence de certaines ONG qui prêtent leurs services et d’autres organismes qui se préoccupent de la catastrophe écologique amazonienne actuelle. Comme nous formons un Vicariat encore jeune, certains y voient beaucoup de potentialités.

d) Les dangers possibles : Il faut mentionner d’abord l’alcoolisme chez beaucoup de jeunes ; les coupes de bois dévastatrices, sans fondement rationnel et qui rasent tout – comme au Brésil ; la présence de sectes fondamentalistes dangereuses, qui font « flotter les gens dans les nuages », embobinant de façon ridicule tout esprit non averti. Nous notons aussi le manque de personnel et d’engagement chrétiens laïcs réels. Tous déplorent la situation généralisée dans la population d’un manque profond d’estime de soi : situation souvent pénible.

Note sur le contexte socio-politique régional actuel : Le gouvernement national en exercice ne protège en rien les populations indigènes contre le trafic de drogues, l’extraction du pétrole pollue gravement toute vie végétale, animale et humaine et assombrit l’avenir de l’Amazonie. Notre région n’est même pas protégée contre le terrorisme des FARC de la Colombie… Pendant ce temps, le gouvernement local s’embourbe dans des programmes de gestion non efficaces, comme celui d’une éducation scolaire qui fait abstraction de la réalité locale d’une population encore indigène en grande partie.

Faire de l’argent, telle est la valeur suprême en vogue… Les nouvelles relations qui s’installent en Amazonie péruvienne sont marquées au coin des valeurs d’une productivité destructrice et d’une efficacité morbide.

Mais, l’espérance ne meurt pas

Les missionnaires sur place décident de ne pas craindre l’avenir. Il est essentiel de mieux s’informer sur tout ce qui est nature, forêt tropicale, et sur sa conservation. Il faut participer davantage aux réunions publiques avec les autorités locales. Il faut revoir toutes nos structures ecclésiales, penser toujours en fonction d’une Église « acculturée », adaptée au milieu (Église autochtone), s’occuper beaucoup des droits humains, donner une éducation inclusive, une formation à l’écologie, sortir des routines, rompre les nœuds. Il faut croire que notre Église peut commencer à donner. Croire en l’action de Dieu en nous et à travers nous. Croire dans son projet. Mon utopie est celle du Christ : le royaume, c.-à-d. un monde où Dieu et les petits se sentent à l’aise… D’ailleurs, les rêves se réaliseront avec ou sans nous, ou malgré nous, parce ce n’est pas notre œuvre, c’est la Sienne.

Une note finale sur l’Assemblée de mars 2008 à Indiana (sur l’Amazone) : Voici les défis que nous avons privilégiés : la formation, la famille, la pastorale indigène, la jeunesse et l’environnement. Et, finalement, notre discernement collectif et solidaire nous a menés à donner une seule réponse pastorale cette année, à savoir insister fortement sur LA FORMATION INTÉGRALE dans le Vicariat, sur tous les plans.

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