jeudi 10 mai 2012

EN MISSION EN ESPAGNE


Le frère Flémoquin de Madagascar, en mission en Espagne, nous raconte son expérience auprès des personnes atteintes du VIH/Sida.


“Le Seigneur lui-même me conduisit parmi les lépreux,
et je leur fis miséricorde » (Test 2)

               Nous les frères franciscains, qui vivons l’Évangile et suivons les traces de notre Seigneur Jésus Christ, nous savons bien ce que notre séraphique père François a vécu. Un grand saint qui, avant sa conversion « fut élevé par ses parents dans un luxe insensé, conformément à la frivolité du monde.» (Vita prima 1, 1). Après il se dépouilla, renonça aux choses matérielles  et décida de vivre dans une pauvreté profonde. Il est convaincu par la vie du Christ pauvre, qui est né dans une pauvreté profonde et est mort nu sur la croix. N’est-ce pas le chemin pour ceux qui veulent suivre le Christ ? Le Christ disait à un jeune homme qui voulait le suivre : «Les renards ont leur tanières, et les oiseaux du ciel leurs nids, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.» (Mt 9).

Dieu nous appelle; ce n’est pas pour que notre vie soit stable ou pour que nous ayons une place bien respectée dans la société. Il nous appelle pour que nous soyons des pêcheurs d’hommes. Nous sommes des instruments de Dieu, ses messagers, porteurs de la paix et de la joie. François avait envoyé ses frères en reprenant l’évangile et disait : « allez vers les gens ». Nous sommes envoyés à proclamer la bonne nouvelle aux malheureux : les aveugles, les boiteux, les lépreux, les sourds, … (Mt 11,5). Telles sont nos missions, notre devoir et notre responsabilité. Il y a tant de missions qui nous attendent. Nous sommes appelés à accomplir ces missions. Nous sommes imparfaits, mais Dieu nous appelle à collaborer avec Lui.


J’aimerais vous raconter une réalité que j’ai vécue. Je suis allé dans un centre d’accueil (Fundación acollada i esperanza. Bisbal, España) où résident des gens qui souffrent de l’exclusion sociale, en particulier ceux qui sont atteints du VIH/ SIDA, sans un soutien financier, personnel ou familial. Un centre animé par les frères franciscains représentés par frère Costa. J’ai bien remarqué comment ils sont. En réalité, ils sont là-bas pour attendre chacun d’eux le temps où la mort viendra. Mais en général, je n’ai vu aucune tristesse sur leur visage. Je me suis demandé : comment se fait-il que des personnes devant la mort puissent vivre dans la paix et dans la joie, dans un bonheur sans égal. Car ils n’attendent rien de mauvais. L’unique réponse qui est dans ma tête c’est « François est actuel » et il continue toujours son œuvre sacrée à travers ses frères qui ne cessent d’annoncer, de partager la paix et la joie dans le Christ.

Fr. Flémoquin
Cette œuvre a pour but, en premier lieu, d’enseigner à ces gens à vivre leur présent dans la joie. Quoi qu’il en soit, toujours être joyeux c’est possible. Cela ne va pas de soi, mais il faut des instructions, de l’éducation pour que ces gens aient d’abord ce qu’on appelle «l’acceptation de soi », l'acceptation de leur situation. Arrivés à ce point, ce n’est pas facile du tout, c’est pourquoi il existe des éducateurs, des psychiatres, qui les aident. Il y a aussi des médecins, des infirmiers qui suivent leur santé pour alléger leurs souffrances. Et enfin, la prière et l’annonce de la bonne nouvelle pour qu’ils aient de l’espérance et qu’ils sachent que Dieu les aime et qu’il ne veut pas les perdre.

La vie dans ce centre me paraît bien organisée: les garçons vivent là-bas comme s’ils vivaient dans une famille. Ils mangent ensemble, ils jouent ensemble et ils se succèdent en groupes pour faire la cuisine. Chacun d’eux a sa part de responsabilité. Le travail est très important pour éviter « l’oisiveté qui est l’ennemie de l’âme » (1R7, 25). En général, ces gens ont besoin d’affection, de l’amour, du soutien pour qu’ils se sentent comme les autres, pour qu’ils sentent qu’ils ont leur pleine citoyenneté. Ils sont aussi des enfants de Dieu, c’est pourquoi, ils ont le droit d’être sauvés. Ils sont les images de Dieu sur la terre: « Tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.»


Ces malades, quelles que soient leurs fautes, beaucoup parmi eux  sont contaminés involontairement. Nous n’avons aucun droit de les juger, sinon nous prétendons être des dieux. Dieu est le seul juste et véritable juge. Lui seul connaît le cœur de l’homme. Ainsi, notre devoir c’est de les aimer. Nous sommes envoyés pour chercher les brebis perdues. François disait dans son Testament : “Le Seigneur lui-même me conduisit parmi les lépreux, et je leur fis miséricorde » (Test 2). Prions toujours le Seigneur : Que l’intercession de notre père séraphique saint François soit notre force pour que nous soyons vraiment « des instrument de paix ».
              
    Fr.  Flémoquin, OFM (franciscain)

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