Le frère Flémoquin de Madagascar, en mission en Espagne, nous raconte son expérience auprès des personnes atteintes du VIH/Sida.
“Le Seigneur lui-même me conduisit parmi les lépreux,
et je leur fis miséricorde » (Test 2)
Nous les frères
franciscains, qui vivons l’Évangile et suivons les traces de notre Seigneur
Jésus Christ, nous savons bien ce que notre séraphique père François a vécu. Un
grand saint qui, avant sa conversion « fut
élevé par ses parents dans un luxe insensé, conformément à la frivolité du
monde.» (Vita prima 1, 1). Après
il se dépouilla, renonça aux choses matérielles et décida de vivre dans une pauvreté profonde.
Il est convaincu par la vie du Christ pauvre, qui est né dans une pauvreté
profonde et est mort nu sur la croix. N’est-ce pas le chemin pour ceux qui
veulent suivre le Christ ? Le Christ disait à un jeune homme qui voulait le
suivre : «Les renards ont leur
tanières, et les oiseaux du ciel leurs nids, mais le Fils de l’homme n’a pas où
reposer sa tête.» (Mt 9).
Dieu nous appelle; ce n’est pas pour que notre vie soit
stable ou pour que nous ayons une place bien respectée dans la société. Il nous
appelle pour que nous soyons des pêcheurs d’hommes. Nous sommes des instruments
de Dieu, ses messagers, porteurs de la paix et de la joie. François avait
envoyé ses frères en reprenant l’évangile et disait : « allez vers les gens ». Nous sommes envoyés à proclamer
la bonne nouvelle aux malheureux : les aveugles, les boiteux, les lépreux,
les sourds, … (Mt 11,5). Telles sont
nos missions, notre devoir et notre responsabilité. Il y a tant de missions qui
nous attendent. Nous sommes appelés à accomplir ces missions. Nous sommes
imparfaits, mais Dieu nous appelle à collaborer avec Lui.
J’aimerais vous raconter une réalité que j’ai vécue. Je
suis allé dans un centre d’accueil (Fundación
acollada i esperanza. Bisbal, España) où résident des gens qui souffrent de
l’exclusion sociale, en particulier ceux qui sont atteints du VIH/ SIDA, sans
un soutien financier, personnel ou familial. Un centre animé par les frères
franciscains représentés par frère Costa. J’ai bien remarqué comment ils sont.
En réalité, ils sont là-bas pour attendre chacun d’eux le temps où la mort
viendra. Mais en général, je n’ai vu aucune tristesse sur leur visage. Je me suis
demandé : comment se fait-il que des personnes devant la mort puissent
vivre dans la paix et dans la joie, dans un bonheur sans égal. Car ils
n’attendent rien de mauvais. L’unique réponse qui est dans ma tête c’est « François est actuel » et il
continue toujours son œuvre sacrée à travers ses frères qui ne cessent
d’annoncer, de partager la paix et la joie dans le Christ.
Fr. Flémoquin |
Cette œuvre a pour but, en premier lieu, d’enseigner à
ces gens à vivre leur présent dans la joie. Quoi qu’il en soit, toujours être joyeux c’est possible.
Cela ne va pas de soi, mais il faut des instructions, de l’éducation pour que ces
gens aient d’abord ce qu’on appelle «l’acceptation de soi », l'acceptation de leur situation.
Arrivés à ce point, ce n’est pas facile du tout, c’est pourquoi il existe des
éducateurs, des psychiatres, qui les aident. Il y a aussi des médecins, des
infirmiers qui suivent leur santé pour alléger leurs souffrances. Et enfin, la
prière et l’annonce de la bonne nouvelle pour qu’ils aient de l’espérance et qu’ils
sachent que Dieu les aime et qu’il ne veut pas les perdre.
La vie dans ce centre me paraît bien organisée: les garçons
vivent là-bas comme s’ils vivaient dans une famille. Ils mangent ensemble, ils
jouent ensemble et ils se succèdent en groupes pour faire la cuisine. Chacun
d’eux a sa part de responsabilité. Le travail est très important pour éviter « l’oisiveté qui est l’ennemie de
l’âme » (1R7, 25). En général, ces gens ont besoin d’affection, de
l’amour, du soutien pour qu’ils se sentent comme les autres, pour qu’ils sentent
qu’ils ont leur pleine citoyenneté. Ils sont aussi des enfants de Dieu, c’est
pourquoi, ils ont le droit d’être sauvés. Ils sont les images de Dieu sur la
terre: « Tout ce que vous
avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez
fait.»
Ces malades, quelles que soient leurs fautes, beaucoup
parmi eux sont contaminés
involontairement. Nous n’avons aucun droit de les juger, sinon nous prétendons
être des dieux. Dieu est le seul juste et véritable juge. Lui seul connaît le
cœur de l’homme. Ainsi, notre devoir c’est de les aimer. Nous sommes envoyés
pour chercher les brebis perdues. François disait dans son Testament : “Le
Seigneur lui-même me conduisit parmi les lépreux, et je leur fis miséricorde »
(Test 2). Prions toujours le Seigneur : Que l’intercession de
notre père séraphique saint François soit notre force pour que nous soyons
vraiment « des instrument de paix ».
Fr. Flémoquin, OFM (franciscain)
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